Pour fabriquer du mobilier dans le cadre d'une rénovation (salle de bain), j'ai été amené à ressortir deux importants et très intéressants porte-outils pour toupie, mais dont le premier, surtout, était trop souvent délaissé, car il est très délicat à utiliser, en raison de la difficulté d'obtenir directement un réglage optimum, même après consultation de documents ou tutoriels sur internet : un porte-outil pour bouvetage auto-bloquant à 45° et l'autre à 90°.
1. Bouvetage auto-bloquant à 45°
Lors de mes utilisations précédentes, je devais parfois relire quelques indications fournies ici ou là (par ex. un pdf de « HM Diffusion », ancien site de vente) me paraissant trop vagues ou difficiles à appliquer (il est impossible d'approcher la planche du centre du fer à cause de la pente à 45°) et obligeant à recourir à des essais parfois très nombreux sur des chutes. Récemment, j'ai découvert sur internet un tutoriel précis, mais exigeant l'emploi d'une jauge micrométrique pour toupie coûteuse et une série de calculs. Ce tutoriel m'a donné l'idée de dessiner en 3D et d'imprimer une jauge à usage unique permettant de régler l'outil sans passer par des calculs : la seule chose à faire est donc de déterminer le milieu exact de la pièce de bois à usiner, ce qui n'est pas hors de portée... surtout quand on s'est déjà imprimé des « outils à centrer ».
LA DÉMARCHE
Puisque pour cet outil, il est très difficile de repérer aisément le milieu de la plaquette de carbure profilée, il me suffit de pouvoir fixer contre le porte-outil une jauge (pas sur le fer lui-même, pour une question de stabilité de celle-ci) avec une pointe réglable indiquant ce milieu recherché :
La difficulté a donc été de dessiner le plus exactement possible le contre-profil du porte-outil. Il m'a fallu faire beaucoup d'essais : j'imprimais des plaquettes de 1 mm d'épaisseur pour vérifier les légères modifications à effectuer. Cf. un des tests ci-dessus.
Une fois que cette « esquisse » du contre-profil a été validée et après avoir mesuré le diamètre du porte-outil en alu, j'ai pu dans FreeCAD créer le volume de l'outil par une « révolution » sur 120° de l'esquisse autour de l'axe (décalé par rapport à l'esquisse de la valeur du rayon du porte-outil). Dans un premier temps, comme j'avais bien calculé la position du milieu du fer et pris des repères pour savoir où placer une pointe, je me suis contenté de créer le trou nécessaire : c'était sans compter sur les possibles petites variations dimensionnelles d'une impression 3D et la manière dont s'adapterait plus ou moins étroitement la jauge sur une partie du porte-outil : il y avait une différence de ± 0,5 mm lors d'un premier test sur la machine. J'ai donc modifié le fichier en conséquence et procédé autrement pour, lors d'un étalonnage qui sera nécessaire, pouvoir déplacer par la suite très finement la position de cette pointe : ce choix a été le bon car, lors de cette étape, j'ai pu modifier très légèrement la position d'abord choisie 'à l'œil' de la pointe par la rotation de la platine vissée sur la jauge.
L'ÉTALONNAGE
Il faut bien maintenir la jauge plaquée contre celui-ci : pour ma part, à présent, je la fixe contre le porte-outil avec un large bracelet élastique, ce qui me laisse les mains libres pour régler la hauteur de l'axe de la toupie. Pour vérifier la précision de la pointe, j'ai choisi non une pièce de bois, mais une chute de profilé alu, donc un matériau très régulier, précis, non sujet à une plus ou moins grande compression, facilement et finement rayable : avec un de mes outils « à centrer » (cf. images à la fin de l'article) j'ai donc laissé une marque sur le milieu du profilé.
Après avoir aligné la pointe de la jauge au niveau exact du repère sur le profilé alu, il suffit de pousser sur la table ce profilé le long de la jauge pour le rayer légèrement.
Pour vérifier si la jauge est exacte, il suffit donc de retourner le profilé et de le rayer au même endroit : si les deux traits se superposent exactement, l'opération est terminée. Si les deux traits restent très proches, mais ne se confondent pas, cela veut dire qu'il faut desserrer les 2 vis de fixation de la platine porte-pointe et déplacer dans un sens ou dans l'autre la position de la pointe d'une valeur égale à la moitié du sillon entre les 2 lignes : sur l'image ci-dessous, après avoir réglé et corrigé la position de la pointe, celle-ci se trouve enfin exactement entre les deux rayures.
Mes paramètres d'impression dans "Cura" :
Conseils pour fixer la pointe : j'ai utilisé la partie pointue d'un clou de 2 mm de diamètre. Le trou est volontairement plus étroit (idem pour les vis). Ne pas le repercer à 2 mm (le clou ne serait pas assez bien tenu), mais chauffer légèrement le clou et l'enfoncer avec une pince ou, ce qui a bien marché aussi, le fixer sur le mandrin d'une perceuse à batterie et le pousser doucement pendant la rotation : le frottement chauffe légèrement le PLA et permet une bonne fixation !
2. BOUVETAGE AUTO-BLOQUANT À 90°
Voici un autre porte-outil très pratique pour l'assemblage des planches d'un panneau. Il ne présente pas de vraie difficulté pour le réglage, mais parfois il faut le modifier... même s'il peut arriver que cette modification n'ait pas résolu le problème : une planche peut avoir pris un peu de courbure après rabotage et/ou ne pas avoir été assez plaquée sur la table lors du bouvetage, ce qui est alors trompeur !
Ayant été satisfait de l'outil précédent, j'ai pensé au petit gain de temps éventuel pour le réglage et j'ai procédé en suivant la même méthode que pour le bouvetage à 45°. Cette fois-ci, je n'ai pas eu autant de tests du contre-profil à imprimer, connaissant par un document (reproduit ci-dessus) l'angle des pentes du profil.
Mes paramètres d'impression dans "Cura" :
Il existe dans FreeCAD des outils pour réaliser les angles de dépouille souhaités : soit par une extrusion du profil du caractère avec indication des angles, soit par la création d'un chanfrein sur toute la hauteur du caractère.
Depuis l'été 2020, je me suis mis en "mode pause" en ce qui concerne mes activités de maker : les années passent vite et d'importants chantiers me restent encore à faire dans ma maison, avant que leur réalisation ne devienne problématique. J'arrive enfin au bout d'une étape importante et j'ai besoin de ce type d'outil pour la rénovation de menuiseries extérieures, afin de ne plus me contenter de joints d'isolation adhésifs qui s'abîment ou se décollent trop vite : il me faut donc une rainureuse.
Cliquer sur les images pour les agrandir
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08/06/2020
Le projet
Mon imprimante 3D était mobilisée depuis quelques temps pour le prototypage d'un projet personnel. Mais, outre la difficulté de se procurer les matériaux nécessaires et le caractère non urgent de ce dernier, j'ai estimé qu'il était temps pour moi de passer à des choses beaucoup plus 'sérieuses' en découvrant que beaucoup de fablabs s'étaient déjà lancés dans la fabrication de visières de protection, d'autant plus que le 11 mai approche et qu'une reprise scolaire, d'abord dans le primaire, s'annonce comme plutôt chaotique, non seulement pour les enfants, mais aussi (surtout ?) pour le personnel éducatif. Issu de l'É.N., je suis donc très sensible à son sort et depuis quelques semaines mon imprimante fonctionne en mode continu... J'ai donc décidé de travailler prioritairement pour les enseignants, connaissant trop bien les lourdeurs administratives du "mammouth" et la déconnexion abyssale entre les hauts responsables de la Garderie (euh, je voulais dire Éducation) nationale et les personnels abandonnés sur le terrain des réalités les plus diverses et rarement prévues par la hiérarchie compétente : du moment que l'économie redémarre ! J'aimerais donc que tout le personnel des écoles du pays viganais ait pour le 11 mai une visière de protection.
La tâche semble énorme, mais je suis quasiment sûr à présent qu'on va y arriver car, depuis que j'ai commencé à vider mes bobines de PLA entamées et parfois anciennes (c'est efficace pour faire le ménage sur les étagères), je ne suis pas tout seul : même si ma seule imprimante travaille pour les supports des visières, des amis me soutiennent et m'aident dans ma démarche. Un copain réputé pour ses multi-compétences et sa rigueur technique, suggère des réglages, des aménagements, des idées pour travailler plus efficacement. Une voisine, professeure des écoles, sert de relais avec tout le public concerné, fait remonter les besoins, effectue les livraisons, négocie pour refuser des demandes abusives, m'apporte son aide pour la découpe des arrondis des films, pour la fixation de ces derniers sur les supports imprimés et part à la chasse de ces précieux films épais (du type "plat de couverture/reliure") auprès de ses collègues, voire des mairies, car je n'avais pas de stock de ce matériau : les dernières nouvelles de ce côté-là sont rassurantes. L'entreprise Thermoflan nous a offert du PVC de 250 µ en grandes feuilles (permettant de réaliser les premières 30 visières) : sans cette aide préalable, je n'aurais jamais osé lancer ce projet. Il y a encore un autre matériau qui me faisait défaut pour le modèle de support finalement choisi* : les élastiques ! Il y a vraiment des coups en bourse à faire dans ce domaine ! Alors, 'économie de guerre' oblige, je me suis rabattu sur une poignée de chambres à air de VTT hors service offerte par Mathieu de "Cigale Aventure" (location de vélos, et activités de pleine nature) : il suffit de découper aux ciseaux de fines lanières...
La production a accéléré et nous avons pu distribuer plus de 90 visières avant cette rentrée du 11 mai.
Fin de série
J'avais prévu d'enchaîner, si c'était nécessaire, avec la Cité scolaire A. Chamson mais j'appris le 04-05 qu'une commande avait été faite pour tout l'établissement par la gestionnaire.
* Ce modèle "sans clips" s'est révélé pour moi plus intéressant que le premier dont j'avais imprimé un lot : plus léger (car sans branches), efficace parce que le
film est plaqué derrière la paroi avant et non fixé devant : par son élasticité, il se verrouille donc de lui-même contre la paroi. Très souple, quand on le pose sur la tête, il se déforme
légèrement grâce à l'élastique et s'ajuste donc à celle-ci. J'avais eu des soucis avec un premier modèle
ISO838 car, fixé sur le devant des supports, le film tenait mal, sortait des tenons sir on écartait les branches. Depuis, par un meilleur ajustage des trous proposé par mon copain, les
films tiennent bien. Cependant, je l'ai délaissé car il consomme beaucoup plus de filament, même s'il n'exigeait pas la fixation d'un élastique.
Mise à jour du 06 mai 2020